Lettre ouverte au personnel médical et paramédical français

Cher toi,

Toi infirmier.e, docteur.e, ambulancier.e, pharmacien.ne, aide-soignant.e, pompier.e, assistant.e de vie… Toi qui, souvent par vocation, a fait le choix de faire un métier au service des autres. Toi, qui malgré des conditions de travail difficiles, exténuantes, et souvent irrespectueuses de ta vie personnelle te montre présent.e dans les situations les plus graves. Toi, qui te mets en danger régulièrement pour que les autres puissent vivre. Toi, qui interviens face à des patients contagieux, ou dans des situations aussi dangereuses qu’un accident sur la voie publique, un feu ou encore la crise psychotique d’une personne en détresse. Toi, qui dans ton quotidien vois, sans accompagnement psychologique dédié, les pires horreurs de ce monde et te retrouves parfois dans des situations délicates. Toi qui es formé pour pouvoir donner la vie, protéger dans la maladie et accompagner dans la mort.

Aujourd’hui, je suis désolée pour toi. Désolée que des personnes ayant pourtant l’air saines d’esprit, ne comprennent pas, encore une fois, les risques auxquels tu t’exposes pour le « service public ». Désolée d’entendre dans la rue des gens râler parce qu’on leur demande de limiter leurs interactions sociales. Désolée de savoir qu’en choisissant ton métier, tu as choisi d’aider les autres quand bien même une partie de ces autres n’est pas prête à t’aider en retour. Désolée de voir que tes revendications ne sont pas entendues, mais que tu gardes quand même la force de te lever pour partir au front dans cette nouvelle bataille. Toi qui fais partie de cette catégorie de gens capables, en toutes circonstances, de faire passer le NOUS avant le JE.

Aujourd’hui je n’ai pas envie de te dire merci. Je crois sincèrement que merci ne sert à rien. Et pourtant j’ai besoin, en cette période de crise, de te faire savoir à quel point je t’admire. Et plus encore, à quel point j’aimerais que tous les français qui pensent être au-dessus de ce virus, au-dessus des règles de bons sens, au-dessus du respect qu’ils te doivent, prennent conscience que tu es une personne admirable. Qu’ils en prennent conscience aujourd’hui pour limiter le nombre de patients atteints et donc limiter ton risque de contamination, mais surtout qu’ils le gardent en mémoire demain, quand tu expliqueras que tes conditions de travail sont déplorables, que tu donnes littéralement ta vie et ta santé pour des patients et leurs familles pendant qu’on gère notre système médical et paramédical comme une entreprise qui doit faire du profit. J’aimerais profondément que les gens se rendent compte avec ce que nous sommes en train de vivre, que ton travail n’a pas de prix, qu’il mérite le respect, l’écoute, l’aménagement. Que tu ne peux pas passer ta vie à faire des journées de plus de 10 heures, ne jamais voir ton conjoint, tes enfants, tes amis pour le « sens du service public » alors que des millions de français ne sont pas capables de rester chez eux trois semaines sans se plaindre et tenter de contourner les règles.

Alors cela ne réglera pas tout, cela ne réglera même rien. Mais sache, toi, infirmier.e, docteur.e, ambulancier.e, pharmacien.ne, aide-soignant.e, pompier.e, assistant.e de vie … que tes enfants, la personne avec laquelle tu partages ta vie et tes amis savent le prix que coûte ton métier. Et qu’aujourd’hui, nous sommes inquiets pour vous, pour votre santé et pour votre bien-être et que nous vous envoyons autant que faire ce peut, tout notre soutien, notre admiration et notre respect. Vous prenez soin de nous, prenons soin de vous.

Force et courage.

Alexandra.

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