Mood – La violence douce du harcèlement de rue. Ou l’art d’être une femme dans cette société moyenâgeuse.

Coucou mes loutres,

J’écris cet article à chaud, peut-être que je ne devrais pas, mais j’en ai besoin. C’était soit je posais les mots au calme, soit je tenais des propos colères et irréfléchis sur instagram… J’ai tranché.

J’ai envie d’en parler avec vous parce que c’est un sujet sur lequel il faut qu’on arrête de mettre des tabous. Sur lequel il faut qu’on arrête de se taire et sur lequel il faut qu’on s’exprime sans haine. Pas pour éduquer parce que ce n’est pas notre rôle (perso je ne suis ni parent ni intervenant pédagogique) mais pour expliquer ce qu’il se passe de l’autre coté du miroir.

Tu es belle quand tu fais du sport

C’est le message que j’ai reçu en rentrant de ma course à pied dominicale. Vous trouvez ça mignon ? Moi non.

En fait, je ne trouve pas ça mignon parce que je ne connais absolument pas le type qui m’envoie ça, qu’il m’envoie régulièrement des messages privés auxquels je ne réponds JAMAIS, qu’il habite dans le même bled que moi et qu’on s’est croisé pendant cette sortie running mais que je ne sais même pas où.

Ce qui me dérange par dessus tout c’est que ce « jeune homme » ne sait pas que je réussi enfin à sortir courir seule en extérieur depuis tout juste un mois. Qu’avant ça j’étais tellement flipée à l’idée de finir dans un fossé que je préférais aller courir sur un tapis en salle. Que la conséquence de son message (si naïf soit-il) c’est que je ne me sens plus en sécurité dans une zone géographique qui n’était plus anxiogène pour moi. Que je vais surement inconsciemment limiter mes sorties en extérieur, ou les passer à cogiter, alors que courir est ce qui me fait du bien au cerveau en ce moment.

Et ça, c’est grave.

Je suis sûre qu’il n’est pas méchant (enfin j’espère) mais quand quelqu’un ne répond pas à tes messages pendant trois mois… Au bout d’un moment faut lâcher l’affaire, cette personne n’a probablement pas envie de te parler. Ce genre de message est qui plus est carrément flippant.

L’écho du morceau de rôti

Et puis on va pas se mentir, c’était un peu LA journée… Celle où tu sais que tu vas croiser que des boloss. En début d’après midi, j’ai été déposer un colis au tabac qui fait point relai et qui a remis en place une partie de sa terrasse depuis hier.

Il a fait 28° ici (dimanche), j’y suis donc allée en short.

J’habite dans une ville bordant la mer. Les gens sont donc normalement plus habitués que les autres à voir d’autres gens en robe de plage, en short, torse nu, ou encore en maillot de bain. D’avril à octobre c’est notre quotidien.

Expliquez-moi pourquoi j’ai eu le sentiment d’être un morceau de viande dans la vitrine du boucher tant les regards des types étaient insistants ?

Il y a 10 000 habitant dans mon bled et très peu de touristes (ce genre de comportement n’est dons pas réservé aux citadins des grandes villes). Ce n’est pas normal d’arriver à un tel niveau de sauvagerie et ce n’est pas normal qu’en tant que femme on soit obligée de subir ce genre de péripéties. Les gars n’y gagnent rien et nous on perd juste foi en l’humanité en fait.

Il n’y a pas une seule fille de mon entourage qui n’ait pas une histoire de ce style à raconter (insulte, main au cul, regards flippants, sifflements,…) et ce n’est pas NORMAL ! Calmez vos potes, on reste des êtres humaines, on mérite le respect et si on ne veut pas vous parler, ou vous donner un peu d’attention, ça ne changera pas avec des paroles ou des messages déplacés, intempestifs et flippants.

A bon entendeur,

Du love,

Alex.

4 commentaires sur “Mood – La violence douce du harcèlement de rue. Ou l’art d’être une femme dans cette société moyenâgeuse.

  1. Hier, un type (que j’avais même pas vu, d’ailleurs) m’a interpellée. J’ai été surprise parce qu’il avait pas vraiment le genre à faire chier (jean + chemise). Il m’a « juste » dit « mademoiselle, vous êtes charmante » (donc, pas le plus glauque et le plus gênant que j’ai eu (façon, pas facile de battre le mec qui me complimente sans enlever son casque de moto, et encore moins celui qui me souffle « bonjour » à l’oreille en passant en sens inverse)) mais ça m’a gavée. Alors je lui ai sorti la réponse que j’ai imaginée il y a un moment (je suis tellement pas spontanée que ça fait peur) : j’ai dit :

    « Vous pouvez pas me commenter comme une voiture, Monsieur. Je ne suis pas une voiture. Je ne suis pas très jolie mais j’ai pas une tête de Twingo ». Ça l’a fait rire. Est-ce que ça l’a fait réfléchir ? Sans doute pas. Peut-être que si toutes ses cibles lui font ce genre de réponse, il finira par comprendre. Je me dis que la plupart ne sont pas méchants. Prenons celui qui était en casque de moto :

    Il était assis sur sa bécane, casque sur la tête, à parler avec un de ses potes debout à côté de lui. Il était en retrait de la route. Il m’interpelle « vous êtes jolie, mademoiselle ». Je ne réponds pas. Il fait « ou madame, pardon ! ». WHAT ? Pour lui le problème c’est qu’il m’avait appelée « mademoiselle » et pas « madame » (perso je préfère mademoiselle en plus xD). Alors que pour moi le problème c’est qu’il m’avait interpellée en étant à 3km de moi, en retrait, et surtout sans retirer son casque (donc je voyais pas sa tête, donc on reviendra pour l’égalité dans le contact établi). Je me dis souvent que si je lui en avais fait la remarque, il aurait peut-être compris.

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, je pense qu’il faut qu’on arrête de laisser faire (même si ça t plus facile à dire qu’à faire) et qu’on apprenne à exprimer quand quelque chose nous dérange. Ou que les potes/ autres gens présents n’aient pas peur de s’exprimer aussi…
      moi aussi je préfère mademoiselle perso ☺️

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